En ce début des années 1900, le doux regard de Paul Fort s'est posé sur Nargis un soir d'été. Avant lui, huit ou neuf siècles plus tôt, il était déjà question de Nargis, en termes certes, moins poétiques.

Ce sont des chartes, de Néronville et de Pontfraud, qui mentionnent au XIème et dès le début du XIIème siècle Cornutello( 1), Villeers(2 ), hameaux de Nargis.

Odeline(3 ), vers 1110-1120 en mémoire de son mari décédé, et ses fils Bertrand et Gilles, font don aux religieux de Néronville d'un muid de vin à prendre chaque année à Villiers(4 ). C'est à cette époque, vers 1130-1140, que Thibaud de Nargis donne à Néronville des terres, prés et bois.

"Que l'on sache que Thibaud de Nargis donna pour le salut de son âme, à Dieu, à Sainte Marie de la Sauve et à Saint Pierre de Néronville tout ce qu'il possédait à Villeneuve(5 ), tant en terres labourables qu'en bois et prés. Il accomplit ce don en jurant sur l'Evangile posé sur l'autel en présence de ses supérieurs, et avec l'approbation de ceux du fief de qui Thibaud tenait cette terre à savoir Robert de Bordeaux, Guillaume de Moret et Guillaume de Fessard. Ce don fut approuvé par Adeline femme de Thibaud, Louis leur fils etc.. " (6 ).

Alors que le pape Eugène III en 1147, puis son successeur Adrien IV mettent sous la protection du Saint-Siège l'abbaye de Ferrières, on trouve dans l'énumération des biens de l'abbaye, Nargis sous sa forme latine Nergiaco puis Nargiaco.

Le dictionnaire des noms et lieux de France - Larousse - ( Albert Dauzat et Charles Rostaing ) indique qu'il s'agit là du nom d'un homme germanique Nard avec le suffixe iacum, ou peut-être ibéro-latin Nardis et acum. Monsieur Paul Gache opte pour le départ humain autour de deux villas gallo-romaines dont celle d'un Nartios gaulois (Nargiacum ) évoluée en Nargis, l'autre départ étant celui né d'un gaulois plus latinisé, Taurius (Tauriacum ) évoluée en Toury.
Pour François Falc'hun, professeur de l'université de Rennes, auteur des "noms de lieux celtiques", Nargis n'est autre que Argis précédé de l'article gaulois, Argis venant de Artos ( l'ours ).

 

 


(1) Cornou.

(2) Villiers.


(3) Peut-être, la vicomtesse de Fessard dont le mari Asselin parait avoir appartenu à la famille des Berard de Chateau-Landon, branche des vicomtes de Chateau-Landon.


(4) Référence Annales du Gâtinais n° 13 année 1895. " In nomine sancte et individue Trinitatis Notum quod Odelina, uxor Ascelini, et filii ejus Bertrannus et Gilo, donaverunt Des et Beate Marie de Silva Majori et Beato Petro de Neronvilla unum modium vini annuatim apud Villeers, pro anima Supradicti Ascelini jam defuncti. Testes Guarmunduo de Dom Gione...."

(5) peut-être s'agit-il de Villeneuve hameau de Beaumont en Gâtinais.

(6) Chartes de Néronville par Monsieur l'abbé Verdier - extrait du bulletin de la Société d'Emulation de Montargis n° 40 - septembre 1977 page 49.