Les autels de la Vierge et de Saint Sébastien sont refaits en 1723. Encore une fois Jean Bannier fait appel à Nicolas Chertemps et le 31 juillet 1725, jour de la fête patronale, Henry de la Grange abbé de Saint Séverin de Château-Landon procède à la bénédiction desdits autels. La permission de l'Archevêque avait été donnée le 8 mars 1725.

Pour Jean Bannier, la seule ombre à ce jour de fête, est l'absence de son ami Nicolas Chertemps. En présence de Hureau curé de Fontenay, le curé de Nargy note, quelques temps auparavant, dans ses registres, la disparition de son meilleur ouvrier.

"Cejourd'huy trente mars 1725 a été inhumé Nicolas Chertemps agé de soixante trois ans après estre muni des sacrements de l'église ledit Chertemps est mort après avoir fait à neuf les autels de la Sainte Vierge, de Saint Sébastien et de Saint Nicolas. Il avoit en 1705 fait le maistre autel et conduit l'ouvrage du cœur de notre église, l'église de Nargy, luy en obligation du zèle qu'il avoit pour elle et doit estre mis au nombre de ses bienfaicteurs.
Fait en présence de Nicolas Chertemps son fils et de Mr le curé de Fontenay qui ont signé avec moy "
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Au cours de ce dix-huitième siècle, eut lieu le baptême d'une cloche. Le curé Blanchard, celui que l'on a surnommé le curé révolutionnaire en raison de sa querelle avec le seigneur de Toury (1), bénit la cloche de la paroisse.

"L'an mil sept cent quatre vingt deux, le six novembre, a été bénite par nous, curé soussigné, la moyenne cloche (2) de cette paroisse sous les noms de Marie Stanislas. Le parrain fut Jean Charles Constance Caesar Joseph Loup Mathieu d'Agout, prêtre licencié en théologie de la Maison Royalle de France et de Navarre, vicaire général archidiacre, official de Pontoise et de Vexin français, abbé commendataire de l'abbaye royale de Ferrières et chapelle royale de Saint André de Grenoble, représenté par Maître Pierre Vincent Himbert, notaire et procureur fiscal de Ferrières, Nargis et autres lieux. La marraine fut Marie Stanislas Laverne de Trassau, marquise de Maupéou, représentée par Dame Marguerite de Guerville épouse dudit Maître Himbert, lesquels ont signé avec nous le présent acte".

Courant septembre 1793, le maire de la commune s'applique certainement à respecter le décret de la Convention, qui ne veut qu'à l'avenir, on ne laisse qu'une seule cloche dans chaque clocher. D'ailleurs, en 1817, on ne parle plus que d'une cloche, laquelle a été refondue. Elle "a été reçue, remontée et rendue bien sonnante " le 24 mai 1817 (3). Les maîtres d'œuvre sont Messieurs Fousson et Collin. Avant sa refonte elle pèse 1154 livres; après, elle en pèsera 1247. Cent soixante dix neuf francs vingt-cinq sont réglés en 1817 le solde en deux annuités de cent cinquante quatre francs vingt cinq centimes en 1818 et 1819.


L'église de Nargis a souvent été remaniée. Comme l'écrit Picard dans son édition de 1884 de l'histoire de Ferrières, " il n'y a peu de choses à dire de son architecture. Bâti sur un plan rectangulaire, l'édifice se termine par un chevet polygonal. Jadis à une seule nef, on y a ajouté une chapelle formant le transept sud et un bas-côté nord qui s'arrête à la hauteur du chœur.

On attribue aux seigneurs de Cornou la construction de la chapelle extérieure du côté droit du chœur. Leurs armoiries, une croix ancrée, sont d'ailleurs encore visibles à l'extérieur, au-dessus de la croisée de la chapelle.

La chapelle funéraire contiguë à celle-ci appartient à la famille Lemesle, propriétaire de Toury et a été construite vers 1840.
La tour s'élève à la gauche du chœur; elle est bâtie en pierre jusqu'au beffroi qui est en charpente et couverte d'une flèche"
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En 1858, dans le cadre de l'agrandissement de l'église, on remaniera le bas-côté gauche; ces derniers travaux amènent la disparition de reliques dont je parlerai plus loin.

En 1870, la basse nef menace ruine; les travaux sont confiés à l'architecte de Montargis, Legrand. Les frais de restauration s'élèvent à 2400 francs.

En 1888, on transfère le cimetière qui était toujours attenant à l'église.

 

 


(1) Cet épisode épique sera rapporté dans la partie traitant de la période révolutionnaire à Nargis.
(2) Cette expression laisse à croire qu'il y avait au moins trois cloches dans le clocher.
(3) Registres municipaux de Nargis.