LA FAMILLE THIBALLIER

 

Dans le dernier quart du 16ème siècle, une famille d'origine protestante, acquiert une grande partie des fiefs de la paroisse de Nargis : les Thiballier.

Ils sont originaires de Savoie. A la fin du XVème siècle, Gilles Thiballier écuyer, seigneur de Tissoc est premier gentilhomme, officier, de la Chambre du Duc de Savoie. Sa femme est Philiberte de Baudy. Cette famille arrive en France en la personne de l'un des fils de Gilles, Jean, seigneur de Tissoc (1).A Chateau-Landon, devant Charles Ledieu, notaire, il épouse Marie Belyot, fille d'Abraham, seigneur de Neuilly, et de Catherine Gallard. Son frère, Pierre Thiballier, écuyer, seigneur d'Ormey, est témoin au contrat.
Son fils Claude II (2), seigneur de Fargeville, est gentilhomme servant la duchesse de Ferrare, maréchal des logis de la Compagnie des gens d'armes de Monsieur de Marivault (3) et procureur du Roi.

La situation matérielle des Thiballier devient sinon importante, prospère. Il faut, compte tenu de leur statut d'étrangers et d'huguenots, penser à préserver les acquêts du droit d'aubaine (4).

Adressée au Roi François 1er, une demande de naturalisation est reçue favorablement en décembre 1533.

Lettres de "naturalité" accordées à Claude Thiballier :

"François, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, Salut,

Savoir faisons à tous que Nous avons reçu humble supplication de notre cher et bien aimé Claude Thiballier, fils de Jean, écuyer seigneur de Tissoc, natif du pays de Savoie, près Genève, contenant que, depuis un certain temps, il serait parti du pays de Savoie et s'en serait venu demeurer en notre royaume, où il avait rendu service à nos armées, et continue depuis en faisant sa résidence près de nous, mêmement aux environs de Nemours, où il s'est retiré et a acquis des biens, terres et héritages et encore à l'intention d'y acquérir, demeurer et vivre le résidu de ses jours mais il doute parce qu'il n'est pas natif de notre royaume et pays, que nos officiers et aultres voulussent après son trépas appliquer à nous ses dits biens et yceux prétendre nous appartenir par droit d'aubaine ou aultrement, sans et que d'iceux il peut tester ou disposer à son plaisir et volontés et aussy y compris ses enfants et héritiers qui sont natifs d'iceluy royaume, s'il n'avait sur ce de nous nos lettres de grâce congé et licence, en nous humblement requérant iceux.

Pour ce est il que nous, ces choses considérées, inclinant libéralement à la supplication et requête du dit suppliant et ycelui pour ces causes et autres considérations à nous mouvans, avons donné et octroyons de grâce spéciale par ces présentes, congé, permission et licence à luy soit de tester et disposer par testament et ordonnances de dernières volontés, ou toute donation entre vifs ou autrement ainsi que bon lui semblerait,

Tout ainsi que s'il était originairement natif de notre royaume en nouspayant pour ce toutefois, pour une seule fois, finance modérée,

Sy donnons en mandement à nos conseillers et les gens de nos comptes de Paris, au bailli de Nemours et à son lieutenant, qu'ils le laissent jouir de ses biens,
Car tel est Notre plaisir Donné à Lyon - décembre 1533 "
(5).

 


(1) Un lieu-dit Les Tissots existe dans le département de Haute-Savoie, commune de Seythenex, canton de Faverges ( renseignement confirmé par les Archives d'Etat Suisse - Canton de Genève - lettre de Madame Martine Piguet archiviste assistante du 2 février 1993 faisant référence au Dictionnaire des Postes édition de 1905, et par la Société de l'Histoire du Protestantisme Français 54 rue des Saints-Pères 75007 Paris - lettre du 15 janvier 1993).
(2) Claude " 1er ", est le frère de Jean. Secrétaire du duc de Savoie, il est resté au pays.
(3) Claude de l'Isle, seigneur de Marivault est seigneur de Courtempierre en 1578. Il fut l'un des seigneurs qu' Henri III accepta dans son armée pour faire nombre contre les partisans des Guises (Bibliothèque Durzy Référence L 3657. Histoire générale illustrée des départements -Loiret- par Maurice Pignard-Pegnet 1910 ).
(4) Droit par lequel la succession d'un étranger non naturalisé était attribuée au souverain; ce droit fut supprimé en 1819.
(5) Cette lettre de naturalité a été nécessaire aux descendants de la branche dite de Vauregnard qui s'était installée en particulier à Triconville, duché de Bar, et dont le fief avait été donné lors du mariage de ClaudeV, le 24 novembre 1645.Le 16 avril 1660, un arrêt de la Chambre des comptes de Bar ordonne que Claude Thiballier, maréchal des logis du Roi justifie par titres la qualité requise par la coutume de Bar pour jouir de ses fiefs ; il est mentionné une requête du dit Claude, capitaine à Nancy, aux fins d'être reçu à faire les reprises, foy et hommage dus pour le fief de Triconville.