Les trois filles se marient à Nargis.

Tout d'abord Marie-Magdelaine. Le curé Logette, le premier qui écrit Nargis dans son orthographe actuelle, retrace dans ses registres paroissiaux, ce mariage seigneurial.

"Cejourd'huy, dixième septembre 1726, ont contracté mariage selon toutes les formes ordinaires et canoniques de notre mère Ste Eglise, Messire Gatien de Courtilz, chevalier seigneur du Verger et autres lieux, fils de feu Messire Gatien de Courtilz (1) et de Dame Louise Eléonore Pannetier ses père et mère d'une part,
et Damoiselle Marie-Magdelaine du Tartre, fille de Monsieur Thomas du Tartre, contrôlleur provincial de l'Artillerie de France et de Dame Marie-Magdelaine Grenolias, veuve en secondes noces de Messire Joseph de la Rüe, chevalier, seigneur du Campdeau, de Cornou et autres lieux d'autre part,
en présence et assistés de Dame Marie-Magdelaine Grenolias mère de la dite Damoiselle du Tartre et de Damoiselle Louise Eléonore de Courtilz et Damoiselle Geneviève du Verger, toutes deux soeurs dudit Messire Gatien de Courtilz et d'autres honorables personnes qui ont été témoins et ont signé".


Parmi les signataires, outre ceux cités dans l'acte du curé Logette, figurent, Louise, Jacques, Thomas du Tartre, Anne-Louise de la Rüe, frères et soeurs de l'épousée, les représentants de la famille Le Charron, seigneurs de Pithurin, ceux de la famille de Guiscard, seigneurs de Préfontaines. La marquise Adélaïde Charlotte Duddefand, de la famille des seigneurs de Saint-Phal en Courtenay est présente. Elle séjourne parfois à Cornou (2).

De ce mariage est issue Marie-Magdelaine, baptisée à Nargis, le 10 juillet 1727. Cette union sera de courte durée; Marie-Magdelaine du Tartre décède âgée de 28 ans. Elle est inhumée dans la chapelle de Cornou, attenant le choeur de l'église le 16 janvier 1733.

La seconde à se marier à Nargis est Louise. Ce 26 juin 1736, c'est encore le curé Logette qui officie, mais cette fois, la cérémonie a lieu, non pas en l'église paroissiale, mais dans la chapelle du château de Cornou.

Monseigneur l'Archevêque de Sens a accordé la dispense de deux bans le 20 juin. Le mariage unit donc Louise du Tartre et Maître Pierre Logette, demeurant à Nemours, où il exerce les fonctions de Receveur du Canal du Loing. A cette cérémonie, sont présents Monsieur Doderlein, contrôleur du canal à Nargis (futur receveur du canal ), le secrétaire de Monsieur de Farcy, commissaire ordonnateur de la Généralité de Paris, Messire Gatien des Courtilz.

Le 17 février 1737, naît Louise-Claude. Semblant fragile, elle est ondoyée par Petit, maître-chirurgien de Château-Landon. Baptisée le lendemain par son oncle, elle décède le 24 février 1737.

La troisième fille se marie le mois suivant. Le 4 mars, après avoir obtenu la dispense de deux bans de l'Archevêque de Sens, Anne-Louise de la Rüe, épouse Maître Jean Alexandre du Bourg, directeur des Aides en l'élection de Nemours. Il est le fils de Jean, receveur des Aides à Villeneuve le Roi et de défunte Marie-Anne de Saquépée.

Marie-Magelaine Grenolias décède à Nargis le 17 août 1746, âgée de 78 ans. C'est son fils aîné Thomas du Tartre, seigneur de Vau et de Brisebarre qui devient le seigneur de Cornou, jusqu'à sa mort qui survient le 14 décembre 1785.

Les derniers nobles, propriétaires de Cornou, sont Antoine Hilaire de Guillemin, comte de Courcenay, chevalier de Saint-Louis, lieutenant du Roi des ville et citadelle de Sisteron. Son épouse est Antoinette Delphine de Busseuil, comtesse de Courcenay, dame de Mondoire la Chapelle.


En 1791, Chabroud receveur aux droits de Monsieur de Courcenay perçoit un revenu de 1791 livres 17 sols, ce qui fait de Cornou la plus importante propriété de la paroisse.


La dernière famille noble de Nargis s'opposera au maire en 1792; dénoncé, le maire reçoit du Directoire du District des mercuriales vives (3).

Le 14 pluviôse an II, Antoinette de Busseuil, déjà séparée de biens divorce d'Antoine de Courcenay. On retrouve Chabroud par la suite en 1809, aux droits de Jean Joseph Jullien Auguste Chambon propriétaire de Cornou.

La famille Nigon, puis la famille Boullery par héritage, se succéderont comme propriétaires de Cornou au cours du 19ème siècle.

Etienne Nigon, éclusier pendant la révolution, et son épouse Louise Pélagie, font l'acquisition de Cornou en 1836. Le jeudi 8 septembre 1836, heure de midi, en l'auberge du sieur Legendre, dite Café des Voyageurs à Nargis, a lieu la troisième adjudication du domaine de Cornou. Cette vente est faite en exécution de deux jugements rendus par le tribunal civil de Montargis les 22 février et 20 juin 1836, par suite de la licitation poursuivie par Joseph Nigon, contre dame Elisabeth Palleau, veuve de Pierre Claude Oudin. Par succession, on trouve leur fils Etienne Joseph qui épouse Marie-Louise Miguet. Ils décèdent respectivement les 2 juin 1861 et 23 juin 1868.

De ce mariage est née Marie-Adèle Nigon qui devient la femme de Jean-Baptiste Boullery, propriétaire et maire de Nargis de 1870 à 1876.

Veuf depuis le 17 octobre 1870, il décédera le 1er octobre 1882.
 


(1) Voir l'ouvrage de Monsieur Daniel Plaisance - Le Gâtinais au temps de Madame de Sévigné - et plus particulièrement le chapitre relatif à " un écrivain, gentilhomme campagnard à Chuelles sous Louis XIV : Courtilz de Sandras".
(2) Loup Achille Dudeffand chevalier seigneur de Saint Fal (sic) et autres lieux est présent lors d'un baptème à Nargis le 23 février 1727.
(3) Voir le prochain recueil sur la période révolutionnaire.