La Maison de GANNES

Située dans le voisinage immédiat du couvent des Ursulines, de la maison Hertel-de-La-Fresnière, de l'ancien couvent des Récollets et du manoir de Tonnancour, la maison de Gannes se trouve au coeur même du Vieux-Trois-Rivières.


Le terrain occupé par ce bâtiment a d'abord été concédé à Antoine Desrosiers en 1650. Par la suite, on y construit une première habitation en bois. Installé à Trois-Rivières depuis deux ans, l'officier Georges de Gannes achète la maison et le terrain du maître menuisier Jean-Baptiste Bériaux en 1754. Après plusieurs transactions qui lui permettent d'agrandir son terrain, il décide d'y faire bâtir une maison en pierre vers 1756.


Né en Touraine en 1705, Georges de Gannes vient poursuivre au Canada, à compter de 1732, une carrière militaire déjà amorcée en France. Nommé aide major en 1750, il épouse l'année suivante Marie-Françoise de Couagne, la fille d'un capitaine d'infanterie. Il ne profite pas longtemps de sa nouvelle demeure puisqu'il retourne en France au lendemain de la Conquête. Toutefois, sa femme et ses deux enfants continuent d'y habiter jusqu'en 1764. Georges de Gannes décède en France trois ans plus tard. Parmi les propriétaires subséquents se trouvent un maître fondeur aux forges du Saint-Maurice, un chanoine, un juge, un marchand et un journaliste, aussi secrétaire de la province.

 


Même si la maison de Gannes pose encore certaines énigmes, les archives renseignent sur la demeure et son environnement. En 1768, un document atteste l'existence d'un bâtiment en pieux de travers, qui sert de hangar et d'étable à la fois. Un inventaire de 1795 décrit ce qui semble être une cuisine, une salle d'entrée, un cabinet, une chambre et son cabinet, un autre cabinet, le grenier et la cave. Il précise également le contenu d'une bibliothèque, vraisemblablement celle que l'on trouve toujours encastrée dans le mur sud-ouest.
Au grenier, la charpente présente certains éléments qui semblent d'origine. Elle fut toutefois modifiée à une date indéterminée pour changer la pente du toit. La compagnie Wayagamack Pulp and Paper, propriétaire de la maison de 1920 à 1940, avait effectué certains travaux. Selon un article publié en 1957, ces modifications respectaient, dans leur ensemble, le caractère historique de la maison. Aussi, il est possible que la charpente ait été touchée à cette occasion.


Le sous-sol de la maison suscite d'autres interrogations. Il est, en effet, divisé au centre par un mur de pierre, probablement de refend, et l'on constate une différence marquée entre les solives des deux sections du plancher. La partie est semble avoir été partiellement incendiée.


Aujourd'hui, la maison de Gannes reflète l'influence du néo-classicisme. Ceci est notamment visible dans l'organisation symétrique de ses ouvertures en façade principale. Ce style se traduit également dans le type d'encadrement des fenêtres, dans les faux pilastres et le fronton de la porte d'entrée et le retour des corniches en pignons. Ces divers éléments permettent de croire qu'elle a subi plusieurs transformations au cours de la première moitié du XIXe siècle afin de la mettre au goût du jour.

 

 

Alain Gamelin, historien
Extrait de : « Les chemins de la mémoire », tome 1, publication de la Commission des biens culturels du Québec, p. 25
DOUVILLE, Raymond. La maison de Gannes à Trois-Rivières. [s.l.], Éditions des Dix, 1957. 31 p.
GAMELIN, Alain et autres. Trois-Rivières illustrée. Trois-Rivières, Comité des fêtes du 350e anniversaire de fondation, 1984. 228 p.