Le mariage aura lieu le 24 mai1751 à Montréal.

Dès leur arrivée à Trois-Rivières, le 26 juillet 1651, les époux de Gannes louèrent de Dame Charlotte Lepellé, veuve de René Baudry, une maison avec jardin située dans la basse ville, sur la rue du Platon, à l’arrière du château du gouverneur. Le bail comprenait une place de banc à l’église paroissiale.

C’était évidemment un logis temporaire, et les de Gannes devaient vite rechercher un domicile plus au diapason de leur situation financière et sociale. Le feu de 1752, qui rasa le couvent des Ursulines et de nombreuses maisons avoisinantes, accentua la pénurie de logement. L’aide-major dut renouveler son bail, mais entre temps, en 1754 (1), il faisait l’acquisition, en face du couvent des Récollets, à l’encoignure des rues Saint-François et Notre-Dame, d’un emplacement de trente pieds de front sur cent pieds de profondeur (2), « avec maison de pièce sur pièce construite sur iceluy ». Le 5 septembre suivant Georges de Gannes achetait de Jean-Baptiste Jutrat et de son épouse Marie-Josèphe Godefroy de Linctot un emplacement avoisinant le monastère des Ursulines, emplacement qu’il échangeait deux mois plus tard pour un autre d’une largeur de vingt-cinq pieds, voisin de celui qu’il avait acheté le 12 juin précédent. C’est sur cet emplacement de cinquante-cinq pieds de front qu’il fit commencer en 1756 la construction de la maison qui existe encore aujourd’hui à cet endroit, et qui est toujours connue, sous le nom de « maison de Gannes ».

Elle est un des rares vestiges qui subsistent à Trois-Rivières de l’époque du régime français. La solidité de sa construction de même que la simplicité de ses lignes font encore aujourd’hui l’admiration et l’étonnement des architectes et des entrepreneurs en construction (3).


Georges de Gannes ne put malheureusement jouir beaucoup du foyer qu’il avait fait construire et où il espérait, semble-t-il, pouvoir un jour se reposer de sa vie militaire et soigner ses blessures. La bataille des plaines d’Abraham scella le sort du Canada et, comme pour tous les hommes de guerre de l’armée française, un destin nouveau se dessinait pour lui et les siens.

Cinq enfants sont nés à Trois-Rivières de son mariage avec Marie-Françoise de Couagne : Marie-Françoise née le 27 février 1752, décédée le surlendemain ; Georges Nicolas, né le 23 mars 1753, décédé le 10 septembre de la même année ; Charlotte Françoise née le 26 octobre 1755 qui épousera 26 ans plus tard Louis Etienne Gallicher, Antoinette-Charlotte née le 12 octobre 1757, décédée le 9 octobre 1758 et Georges né le 26 octobre 1759.
 


(1) Greffe du notaire Le Proust Trois-Rivières, 12 juin 1754.
(2) Ancienne mesure valant 33 cm. Il est possible que la valeur canadienne de l’époque soit différente. Le terrain ne mesurerait guère que 10 mètres sur 33 mètres.
(3) La maison de Gannes par Raymond Douville.