Il commencera par prendre tous les garçons en état de faire campagne, et complétera son nombre par des gens mariés, ayant attention de prendre par préférence les ouvriers.


Il fera lecture du présent ordre dans toutes les paroisses quand il en aura fait la levée, afin que personne n’en prétende cause d’ignorance ; il fera faire un rôle de détachement de chaque compagnie qu’il laissera au capitaine, à qui il donnera ordre de les conduire ou de les faire conduire par un officier aux Trois-Rivières au temps indiqué.
Il est de plus ordonné au sieur de Gannes de faire un recensement général et bien exact de toute la milice de ce gouvernement qu’il nous enverra à Montréal le plus tôt qu’il sera possible ».

Il est sûr que Georges de Gannes participa à plusieurs expéditions dans cette région à partir de 1746. Il faisait partie du groupe conduit par Rigaud de Vaudreuil, gouverneur de Trois-Rivières, qui se mit en route à Montréal le 8 juin 1747 à destination du fort de Saint Frédéric pour le protéger contre les Anglais. En 1753, il fut un des nombreux officiers qui furent victimes des malhabiles manoeuvres du baron de Dieskau et qui valut à la France la retentissante défaite du 8 septembre 1755. On sait que le marquis de Vaudreuil, qui avait fait la traversée de la France au Canada avec le baron de Dieskau, s’était rendu, aussitôt débarqué, à Montréal, pour recruter des troupes et les diriger en hâte vers le fort de Saint Frédéric. Le gouverneur avait déclaré au nouveau commandant qu’il mettrait sous ses ordres pas moins de 3.000 officiers et soldats, et particulièrement des officiers connaissant bien le pays. Georges de Gannes fut un des officiers choisis par Monsieur de Vaudreuil.

Le 14 août 1755, il recevait de Montréal l’ordre suivant :

« Vaudreuil, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, Gouverneur et Lieutenant Général pour le Roi en toute la Nouvelle France, Terres et Pays de Louisiane.
Il est ordonné au Sieur de Gannes, aide-major du Gouvernement et place de Trois-Rivières de partir aussitôt le présent ordre reçu de cette ville pour conduire un détachement milice au fort Saint Jean, d’où il partira pour se rendre au fort Saint Frédéric, où il recevra de nouveaux ordres. Il aura attention qu’il soit embarqué avec les vivres sur chacun des bateaux, vingt hommes et quinze sur chaque canot.
Enjoignons au sieur de Gannes de faire avec son détachement toute diligence possible ».


Les causes de l’humiliante défaite subie par l’armée du baron Dieskau sont bien connues et commentées maintes fois par les historiens. Une des principales causes provenait de la perpétuelle mésentente entre les troupes françaises et canadiennes. On a dès lors accusé le commandant Dieskau d’incompétence et d’arrogance. Par contre celui-ci et ses officiers blâmèrent et accusèrent d’indiscipline les officiers des régiments canadiens, dont faisait partie Georges de Gannes. Quoiqu’il en soit, ce dernier, dans les récits de ses états de service dressé dix ans plus tard, ne s’attarde guère à souligner cette malheureuse épopée.

Un de ses plus beaux titres de gloire est d’avoir pris part comme officier aux batailles de Chouaguen et de Carillon.


A la victoire de Chouaguen, le 14 août 1756, il faisait fonction de major et si, comme on l’a dit, ce fut le premier grand exploit militaire en Canada du marquis de Montcalm, à qui l’on avait confié le commandement de l’armée, il n’est pas moins certain qu’une bonne partie du succès était due aux officiers qui combattaient sous lui et qui connaissaient les lieux.


Le 11 août, Georges de Gannes était présent au rendez-vous entre le marquis de Montcalm et Monsieur de Vaudreuil, sous la tente de ce dernier, alors qu’avait lieu la réunion de tous les officiers qui avaient le plus de connaissances des environs de Chouaguen, pour délibérer sur les mesures à prendre pour le siège.