L' ÉGLISE EN 1878

Voilà déjà vingt années que les travaux d'agrandissement ont été réalisés. Il faut dès lors, descendre cinq marches pour passer du sol de la rue à celui de l'église (1). Une voûte en berceau, avec charpente apparente couvre la nef. Dans le bas côté, la voûte est en briques et à arêtes, et dans le chœur en berceau, en pierre. Trois archivoltes longitudinales, plein cintre, chanfreinées et retombant sur des piliers rectangulaires, portent le mur septentrional de la nef. Le chœur est beaucoup plus étroit que la nef. Dans celle-ci, côté gauche, on remarquait une toile de Dumeis de 1840, représentant la crucifixion (2). On y voyait le Christ expirant sur la croix; à ses pieds, et à gauche, la Madeleine éplorée. On apercevait Jérusalem dans le fond.

Dans la chapelle Saint Sébastien , œuvre de Nicolas Chertemps, l'autel et le retable (3) datent de 1723; au milieu du retable est une toile cintrée par le haut représentant Saint Sébastien (école française du 18ème siècle), côté droit, l'Adoration des anges ( école française du 17ème siècle) et la Nativité, bois de l'école française de la même époque (4).

La chaire à prêcher, en chêne, à une seule montée a été édifiée en 1867 par Messieurs Bigot père et fils, menuisiers à Ferrières sous Messieurs Gillet curé et Oudin maire.
Contre le pilier de l'arc triomphal est située la chapelle Saint Etienne, répétition de la chapelle Saint Sébastien; elle date de 1723. Il s'y trouve une toile cintrée par le haut représentant ce saint ( école française du 18ème siècle)(5).Vêtu du costume de diacre, la main gauche ramenée sur la poitrine, il porte un livre dans la main droite.

La chapelle des fonts baptismaux est élevée d'une marche; le sol de cette chapelle est formée de deux pierres tombales sans effigie.

Sur l'une d'entre-elles est gravé : "Ci-gît Charles Chabroud député à l'assemblée de 1789 né à Vienne en Dauphiné en 1750 mort le 3 février 1816"(6). Sur l'autre est inscrit : "Ci-gît Jean Chabroud magistrat né à Vienne en 1751 mort le 4 mai 1816 ".

Dans le chœur, le maître-autel en pierre est isolé. Derrière, se trouve un retable en maçonnerie, décoré de deux colonnes ioniques supportant l'entablement et un attique(7) en forme de dais(8), sous lequel apparaît Dieu le Père en buste. C'est là l'ouvrage de Nicolas Chertemps de 1705.

De chaque côté de l'autel, incrusté dans les parois de la muraille se trouve un bas-relief, dans un cadre mouluré et cintré en haut dans son milieu. Ils sont en plâtre ; deux coquilles se trouvent au-dessous et sont caractéristiques du 18ème siècle.

Ils retracent deux scènes de l'histoire locale relatives à un seigneur de Cornou qui aurait fait tuer injustement un de ses serviteurs et aurait demandé l'absolution de son crime.

Le bas relief de droite représente l'exécution. Trois hommes armés, l'un d'une massue, l'autre d'une hache, et le troisième d'une épée, frappent un malheureux qu'ils ont terrassé. A gauche, assis sur son siège, le seigneur de Cornou assiste à l'exécution qu'il a ordonnée; à droite, un autre personnage debout. Derrière le seigneur, au fond, les murs crénelés de l'enceinte; au milieu, un arbre; à droite, une des tours du château.


(1) Il s'agit de la description de l'église de Nargis faite par Edmond Michel en 1878. Des changements sont bien sûr intervenus depuis cette date.
(2) Peintre montargois né à Paris en 1808. Voir l'article de J.M. Voignier dans le bulletin de la Société d'Emulation de Montargis n° 90 de février 1993 : "La jeunesse de François Alexandre Dumeis". Cette toile a disparu.
(3) Construction contre laquelle est appuyé l'autel d'une église.
(4) Inventaire des richesses d'art de la France. Histoire et description des églises de l'arrondissement de Montargis par Edmond Michel. Nargis le 24 mai 1878.
(5) Cette toile en 1992 n'existe plus. Trop vétuste et en trop mauvais état, elle n'a pas été conservée.
(6) Charles Chabroud, était avocat et homme politique, né à Vienne (en Isère) le 5 mars 1750. Il est mort à Paris en 1816. Député du Dauphiné aux Etats-Généraux, il fut élu Président de l'Assemblée Constituante le 9 août 1791, et membre du tribunal de cassation après la séparation de l'Assemblée. Il participa de façon active aux débats sur l'organisation du pouvoir judiciaire. Son rapport sur les journées des 5 et 6 octobre 1789 fait grand bruit, le Duc d'Orléans et Mirabeau ayant été mis en cause. Il fut surnommé "Blanchisseuse de Mirabeau et du Duc d'Orléans" et " dégraisseur ordinaire de la maison d'Orléans" dans les journaux royalistes. Après la fuite du Roi, il se signale par son hostilité à ce dernier. Sous l'Empire il devint avocat à la Cour de cassation et au Conseil d'Etat (Encyclopédie Larousse du 20ème siècle - édition 1931 ). Il fut destitué dès le retour des Bourbons. Charles Chabroud ( décédé dans sa maison de Cornou et non pas à Paris comme on peut le trouver dans certains documents), et son frère Jean (également décédé à Cornou), furent inhumés en l'église de Nargis. (Registre de l'état civil de Nargis - année 1816 )
(7) Etage terminal d'un édifice reposant sur une corniche.
(8) Ouvrage suspendu au-dessus d'un autel, d'un trône.