L'ÉGLISE DANS LA VIE COURANTE

 

La vie sociale des villages est basée sur la communauté de foi: la paroisse est groupée autour de son église et de son desservant, recteur ou curé. L'église est le centre de la vie; c'est devant qu'existe la place du village, lieu du marché éventuel, du louage des travailleurs saisonniers, des proclamations communautaires, des ventes par notaires, des assemblées d'habitants. La porte de l'église sert parfois de lieu d'affichage, l'église elle-même, de maison communale. Le cimetière est contiguë à l'église.

Le curé est "l'officier municipal" retraçant sur le registre adéquat baptêmes, mariages et décès. Organisant un état de choses existant, François 1er, par son ordonnance de Villers-Cotterêts du 15 août 1539, prescrit la tenue par les curés, de registres mentionnant les baptêmes. Tout en établissant la filiation, on fait entrer dans le giron de l'Eglise les nouveau-nés, et leur assure ainsi le Salut.

L'Eglise n'attache pas autant d'importance au mariage qu'elle considérait comme formé par le simple consentement mutuel des parties, réalisé lors des "accordailles". Elle n'intervient que pour donner la bénédiction nuptiale sans aucune formalité. En fait, seuls les registres faisant mention des baptêmes continuent à être régulièrement tenus jusqu'à l'Edit d'avril 1667 qui frappe de nullité, toute union, faite sans la présence d'un curé. Il lui est prescrit d'en dresser acte, de même que pour les décès, et de requérir, "suivant l'ordonnance" les signatures des parties.

Hormis les signatures du curé, des seigneurs de Toury, de Cornou, de Pithurin, du Martroy et de leurs invités, peu d'habitants de Nargis apposent leurs signatures. La mention "qui déclarent ne scavoir signer" est très fréquente dans les registres paroissiaux conservés à Nargis, dont le plus ancien date de 1673. Ces registres, tenus sur papier timbré - ressource pour le Royaume- sont commandés au bailliage, qui en fait un contrôle à posteriori. Le papier coûtait un sol la feuille soit douze deniers en 1673, deux sols en 1759. Une fiscalité relativement douce, doublant en 86 ans.

Ainsi s'aperçoit-on par les timbres des généralités et par les visas des baillis, que la paroisse de Nargis est ballottée de la généralité de Paris à celle d'Orléans et vice-versa, du bailliage de Nemours, à celui de Sens, puis Montargis, revenant à Nemours, retournant à Montargis.

Respectant enfin l'ordonnance de François 1er, mais surtout l'édit de Louis XIV, les curés successifs s'emploient à noter les actes "d'état" de leurs paroissiens. Si certains se bornent à une rédaction stricte, d'autres y ajoutent des notes particulières relatives à la profession ou au domicile des parties. Parfois des inscriptions concernant l'activité dans la paroisse, construction du canal, vols, décès spectaculaires et testaments apparaissent.

Le premier de ces curés attentifs que l'histoire nous présente est sans conteste le curé Jean Bannier. Arrivé le 3 novembre 1697 dans sa résidence de Nargy, il ne se trouve pas en terre inconnue.

Son père est à Ferrières depuis quelques années où il exerce les fonctions de receveur général de la terre de l'abbaye de Ferrières. Sa mère est Jeanne Bailly, sœur du curé Etienne Bailly, curé de Nargy en 1673. Lucie Anne Bannier, leur fille, veuve de Messire Louis Benoist, épouse le 5 mars 1693 à Nargy, Claude Lenfant, greffier au bailliage de Nemours. A ce mariage est également présent le frère de l'épousée François Bannier, procureur pour l'abbé commendataire de Ferrières Etienne de Sainctot, et notaire royal au bailliage de Montargis en résidence à Ferrières.

Etienne Bailly ayant quitté sa charge dans le premier trimestre 1696, Jean Bannier remplace le curé Madot, court intérimaire. Sa première inscription date du 3 janvier 1698. Il n'a que 28 ans.

Il se lance rapidement dans ce qui va être œuvre de sa vie: la restauration de son église.