Dès son arrivée, il fait réparer le clocher.
Quelques six années plus tard, il transforme le chur et le sanctuaire,
puis en 1723 fait refaire les autels de la Vierge et de Saint Sébastien.
Ces seconds travaux correspondent à la période où Nargy connaît une
activité intense avec les travaux de terrassement du nouveau canal.
S'activant entre ses ouailles, les travaux du canal et les nouveaux
paroissiens, les travaux de son église, Jean Bannier connaît une vie très
animée.
Il reçoit les processions de Château-Landon lorsqu'elles viennent à Nargy,
clergé en tête, comme le veut la coutume, le jour de la "Sainct
Eutroppe" et de la Saint-Germain jours de fêtes patronales(1).
Nargy est d'ailleurs le lieu de passage des nombreux pèlerinages vers
Ferrières, dont le but est d'obtenir de la pluie en période de sécheresse.
Les gens de Château-Landon et des alentours se sont déplacés aux
sanctuaires de Notre-Dame de Bethléem et de Saint Pierre de Ferrières à
maintes reprises: 1583, 1596, 1611, 1612, 1613, 1614, ...16 juin 1719, 9
mai 1723, 26 juin 1728 etc...(2)
Quittant Château-Landon, ils entraient sur le territoire de Nargis,
laissant sur leur droite la Chapelle Bezard et Pithurin et sur leur gauche
la grande allée de près de 800 mètres, bordée d'arbres, qui menait au
château de Toury. Poursuivant son chemin, la procession longeait le
Martroy et ses bois importants puis sur un plateau totalement dégagé de
toute végétation arrivait à la
Croix Quantine où l'on récitait quelques prières.
Les quelques habitants de la Loge aux couteaux, petit hameau de deux ou
trois maisons de Nargis se joignaient alors à la foule, et tous
descendaient vers le Loing. Là, on longeait un court instant la rivière au
gué de la Goulette puis à travers la prairie, on se dirigeait vers
Fontenay, lieu de traversée du Loing. Plus tard, on abandonnera ce passage
par la Goulette pour emprunter le pont que le duc d'Orléans avait fait
construire sur le canal.
En 1719, l'abbé Bruleron de la Selle-sur-le-Bied avait noté la misère de
la canicule de juillet; "le raisin était tout tourné à l'Assomption. Le
quart des vignes a grillé. Cette année-là, le vin a tourné dans les
meilleurs caves. Il y avait beaucoup de mouches; des cas de dysenterie ont
été observés à cause de la sécheresse, des puits trop bas et des eaux
malsaines".
Un procès-verbal du prieur de Notre-Dame de Château-Landon, de
Coquereaumont, rapporte les faits du 16 juin 1719(3).
Cette année-là, une horrible sécheresse désole le Gâtinais et ôte tout
espoir de récolte.
Les prieurs des quatre églises de Château-Landon font vu d'aller à
Ferrières, avec les peuples de leurs paroisses, pour y demander de la
pluie. Beaucoup de monde jeûna la veille, et on partit le lundi matin avec
un ordre et une dévotion admirables.
A Ferrières, le prieur Dom Saulnic, reçoit les pèlerins très
solennellement, et fait sonner les grosses cloches. On chante la messe
dans l'église Notre-Dame de Bethléem. A peine la messe est-elle finie que
la pluie commence puis cesse cependant un peu.
"En quittant Ferrières, la pluie recommença, qui nous conduisit jusqu'à
Nargy et Messire Bannier, prieur de laditte paroisse, vint comme le matin
audevant de nous; et comme la pluie continuoit, nous le priâmes d'ôter ses
ornements et de souffrir que nous fûssions dans son église, où il nous
conduisit.
Nous y chantâmes un répons et le Te Deum antonné par ledit prieur, pendant
lequel il fit les cérémonies.
Et ensuite Mr le curé de Chenou, qui nous avoit accompagné pendant toute
la procession avec ses habitans, les cérémonies faites, nous partîmes de
Nargy ".
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