L'activité très diversifiée du curé Bannier et son affabilité lui font côtoyer, les seigneurs de Cornou, d'Angluze et de Toury. Proche de ses fidèles, bon gestionnaire, bénéficiant de donations et de rentes il agrandit son patrimoine ainsi que celui de son église. Pierre Fauchault, Françoise Bouquainville sa femme et Thérèse Bouquainville sa fille, lui vendent bâtiments et herbages. C'est un curé aisé qui envisage de léguer ses propriétés à son église par testament du 9 mai 1724. Maître Estienne Bouchet notaire à Nargy reçoit cet acte.

L'assemblée des habitants accepte ce legs le 7 avril 1726. Messire Jean Bannier, curé de Nargy, s'était éteint le 25 mars précédent, laissant à sa paroisse beaucoup de biens.

Dès le 28 mars, Estienne Bouchet, tabellion garde notes à Nargis, agissant à la requête de Messire Pierre Sauvaignat, curé de Préfontaines, exécuteur testamentaire, se rend en la maison du presbytère pour y faire l'inventaire et description des meubles, effets, titres et papiers.

François Mathieu, marchand de Château-Landon et Louis Piedargent, tailleur d'habits à Nargis l'accompagnent, l'un dans le but de chiffrer les estimations, le second en qualité d'expert.

Sont également présents lors de cet inventaire post mortem, Messire Estienne Herpin greffier au bailliage et comté de Beaumont et Catherine Valleran veuve d'Edme Bannier, qui de par leur parenté avec le défunt et au nom de leurs enfants entendent bien faire valoir leurs prétendus droits et faire annuler ce legs.

Cet inventaire commencé le 28 mars se terminera le 29.Le presbytère est, sinon luxueux, opulent. La chambre basse où est décédé Jean Bannier est confortable. Son lit est en noyer; le matelas est de laine; il y a deux couvertures de laine blanche, traversin, trois tables dont une en sapin, trois petits escabeaux, une crémaillère, une paire de grands chenets à pomme de cuivre jaune, pince et soufflet, une montre, une tapisserie de Bergame et " deux fusy à tirrer ".
Dans la cuisine attenante, près de la cheminée, le notaire note l'incontournable "crémillère garny de son crémillion", un bouchoir de four et deux pelles en bois pour enfourner le pain, quatre broches à faire rôtir, deux grandes et deux petites, une "petite lichefriche"(1), une petite grille, deux vieilles maies, une petite couche avec sa paillasse et son lit de plume, coussin, taies draps et couverture, 62 livres d'étain commun, 30 livres d'étain fin , chaises, miroirs, draps et linge, chaudières et chaudrons, passoires, poêles, casseroles, timbales, tourtières, marmites et bassinoire. Dans cette cuisine, on y trouve encore une " cheize en bois de chesne " , cinq chandeliers, un martinet (2), une lampe, deux pains de cire jaune.

Attendu que la nuit est survenue, Etienne Bouchet se retire, reportant au lendemain à 7 heures l'inventaire de la " maison presbiterralle".

Le 29, à l'heure dite, en présence de Louis Clément et de Pierre Paysans, tous deux manœuvres de Villiers, témoins de cette nouvelle journée, le notaire se remet à l'ouvrage. Il y met tout son cœur, décrivant au mieux le patrimoine du "bon curé" car son acte est un acte authentique "pour servir et valoir ce que de raison", bien sûr, mais étant payé à la ligne, il a intérêt à rédiger ... long.


(1) Lèchefreit ou lèchefrit: nom utilisé dès la fin du XIIème siècle désignant l'ustensile de cuisine servant à recevoir la graisse de la viande qu'on fait rôtir à la broche.
(2) Petit chandelier plat, à manche.