Dans la chambre haute, il dénombre dix-sept chaises
paillées et tapissées, cinq petits tabourets et deux fauteuils, deux
tables tournées en noyer, deux grandes tables communes en noyer, une
petite en sapin, un châlit en noyer garni de sa paillasse en grosse toile,
un matelas en laine, draps, taies, couvertures de laine et neuf pièces de
drap violet bordées de taffetas bleu.
Bouchet estime le lit et ses garnitures à 100 livres.
Il recense dans cette pièce la quantité de quarante-deux livres de
filasse, de crin, un cadre doré et un porte-voix de fer blanc.
Dans "l'hormoire de bois de noyer à quatre batans et deux tiroirs le
tout fermant à clef" il comptabilise 72 serviettes de toile de crin et
16 nappes de même toile, 23 draps de même toile mesurant chacun 5 aunes (
6 mètres environ) et 15 chemises fines.
Dans une petite chambre attenante il note deux lits garnis. A côté, un
cabinet avec dressoir en bois de sapin , une grande marmite de fonte et un
pot de chambre d'étain commun.
Au-dessus, dans le grenier, sont recensés 18 setiers de blé seigle, mesure
de Château-Landon et 4 muids de blé méteil, 18 setiers d'orge, 2 setiers
de vesce, un setier de graines de chènevis, "un bousiau de féverole et
un bousiau de pois et six gallots dans lesquels sont les dits vesce,
chenevis et pois", deux cribles à main, deux vans à vanner, un rouet,
100 livres de laine et trente peaux de moutons.
Dans la cave, on note 26 poinçons de vin vieux estimés 520 livres et 7
poinçons de vin nouveau estimés 70 livres, une cuve neuve, "une monte
de foin et de St foin"(1).
Dans la vacherie, il y a 2 vaches, "mères laitières à poil noir, hors
de marque" ; dans le grenier au-dessus s'est trouvé six muids
d'avoine. Dans la grange le notaire compte 400 bottes de paille de blé,
orge et avoine et 50 bottes de sainfoin . Dans l'écurie, il recense
colliers, harnais, brides, une "selle à chevaucher", deux cuviers à
faire cuire, un brouet, mais pas de cheval. Dans la cour dix voiturées de
fumier sont estimées 5 livres, un tas de bois 3 livres. Dans le
poulailler, 5 poules dindes et 15 poules de cour attendent un repreneur.
Quelques petits outils et matériels sont recensés de droite et de gauche
justifiant de l'activité de Messire Bannier: une cognée, un gros marteau
de fer, un crochet à peser, trois ciseaux, un entonnoir à entonner du vin,
un croissant, une corde à descendre du vin dans la cave, une paire de "tricoire"
(tenailles) et un "brechoir".
Dans le cabinet du prieur 75 livres en argent sont trouvés ( ce qui est
rare car dans tous les inventaires que j'ai pu recenser il n'y a jamais
d'argent ) et quantité de titres de rente au profit du prieur ( contrat de
vente de Pierre Fauchaux, contrat de bail à rente de Pierre Lepage,
contrat de vente de Nicolle Chevret veuve de Toussaint Galland des Inglés
au profit du dit défunt, reconnaissances de dettes ).
L'inventaire de ses vêtements nous permet de voir comment il était vêtu.
En "sortie" il portait perruque et chapeau. Sur une chemise de drap fin,
il portait un justaucorps serré à la taille, muni de basques et de
manches, un gilet, une paire de bas noir et un manteau. Pour le " tous les
jours" la chemise fine faisait place à une chemise de gros drap de coton,
le justaucorps à une culotte de gros drap. Il portait soutane et était
couvert de la calotte.
Il possédait également une maison à Puiseaux où sont encore recensés 45
poinçons de vin estimés à 900 livres. Chez Etienne Lamy laboureur aux
Paysants, la veuve de Jean Chaumeron d'Angluze, François Raffard laboureur
au Martroy, près de 150 brebis et moutons font partie du legs
(2).
Dans son testament, le sieur curé fait verser 150 livres à Jean Prochasson
son domestique, la même somme à "la mère Forget pour reste de services".
Avant de clôturer son procès-verbal d'inventaire, les héritiers "lésés" ou
jugeant l'avoir été réitèrent une fois de plus leurs dires et
protestations.
On comprend facilement la décision de l'assemblée des habitants acceptant
ce legs, comme celle de ses héritiers d'en contester la validité .
Parmi les curés qui se sont spécialement fait remarquer, le cas du curé
Blanchard est à signaler. Curé de 1782 à 1786, il s'oppose au seigneur de
Toury, Charles Louis de Portelance. Le cas du curé Guéneau, curé de 1788 à
1792 me semble plus intéressant. Il a joué un rôle dans sa paroisse qui
dépasse la prestation de Blanchard, c'est à dire le cadre du simple
conflit de personnes.
Ces différends seront retracés lorsque j'aborderai dans la partie sur
Nargis et la période révolutionnaire.
Afin de terminer avec une pointe humoristique, le dernier que je citerai
est le curé René Legoupil.
Arrivé à Nargis vers 1808, il servira Nargis jusqu'à son décès le 5
décembre 1836, âgé de 73 ans.
Il avait été dans le passé curé à Moulon et à Gondreville où il passait
pour un curé.... légendaire. Il avait conjuré le mauvais sort qui
s'abattait sur les récoltes et plus particulièrement, terrassé les "sautériaux"
après une procession faite dans la campagne (3).
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