FRANÇOIS THIBALLIER, sieur de TOURY

 

François Thiballier est le demi-frère de Samuel. Sa mère est Madeleine Dumain. Il est baptisé le 2 mars 1592 dans la paroisse de Saint-Salomon de Pithiviers.

Il épousera tôt la carrière militaire. Il appartient à la compagnie des chevau-légers de la Garde de Sa Majesté; premier gentilhomme de Monsieur le Prince de Condé, il demeure quinze ans dans cette compagnie des chevau-légers dans laquelle il est nommé. Il sert en qualité de Maréchal des logis du ban et arrière-ban du bailliage de Montargis et Nemours et continue depuis, en qualité de volontaire dans les armées de Picardie. Il participe au siège de Corbie, ville prise en 1636 par les Espagnols (1).

Il avait épousé le 21 octobre 1622, Charlotte de Vaulfin, fille de Lambert (2), gouverneur de Château-Renard en 1602. Toury lui revient par succession de son père.

Dom Morin, le chroniqueur local, note: " l'autre seigneurie se nomme Toury, est à présent à François Thiballier, escuyer, sieur dudit Toury, qui est de la compagnie des chevau-légers de la garde du Roy, leurs armes sont une chantepleure (3) d'argent en champ d'azur ". Monsieur Daniel Bonpain, dans son armorial du Gâtinais, donne pour blason des Thiballier, " d'azur à un chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent, et en pointe d'une chantepleure de même ".

Le 29 août 1635, Jehan Boyer, pour satisfaire à un commandement de Berthellot, sergent royal au bailliage de Nemours, signifié à la requête de Monsieur le Procureur du Roy, le notaire tabellion garde-notes local établit, déclare et dénombre les fiefs, lieux seigneuriaux et ceux qui les possèdent, sis "dedans du bourg et paroisse de Nargy" .


Il commence ainsi la rédaction de son acte: "Les fiefs de Cornou, Brisebarre et Thoury détenus et possédés par François Thiballier escuyer sieur du dit Thoury y demeurant, et ce, comme héritier de feu Claude Thiballier vivant escuyer sieur d'Angluze son père".

François Thiballier, à la suite du décès de son frère Samuel devient le seul mâle pouvant hériter de cette branche. En effet, Claude son père, qui s'était remarié le 14 juillet 1598 avait eu avec sa quatrième épouse Marie Honoré, deux filles, Louise et Marie. Quant à Jules, né du troisième mariage avec Marie Carré, sa fonction de chapelain au château de Nemours le laissait à l'écart de tout héritage.

Les parents avaient pris toutefois leurs dispositions pour ne pas désavantager leurs deux filles et leur laisser quelques terres. Le 18 décembre 1612, alors que François Thiballier arrive à ses 21 ans Claude son père, demeurant pour lors, à Saint-Germain-des-Prés, rue du Coulombier, paroisse de Saint-Sulpice, se rend en l'étude de Claude Dauvergne et Germain Trouson, notaires à Paris (4).

"Je, Claude Thiballier, sieur d'Angluze et de Brécy, soussigné, reconnait et confesse, que suivant le contrat d'émancipation, par moy fait à Marie Thiballier, ma fille, le 16 avril dernier, reconnaissant que en son âge de quatorze ans, elle est capable d'espoux, suffisant pour gouverner son bien,

Je déclare et veulx que dès à présent, elle jouisse par ces mains, lieux, terres de Thurelle et de la Mothe au Chancelier, circonstances et dépendances de tout ce que j'ay en la paroisse de Vimory (5) et ès paroisse de Ferrières et Dordives où sont assises les dites terres, sans d'icelles, en rien retenir ny réserver avecq tous les meubles qui sont en ycelles que j'ay ja donné.

Et donne à ma fille avecq, le carrosse et les chevaulx pour en disposer du tout comme du sien dès à présent par mon avis et conseil, vivant en la vertu et la crainte de Dieu et en l'amityé et honneur qu'elle me doibt.

Consent aussy et je veulx aussy que dès à présent les sommes que je luy ay délaissées, des meilleures et plus promptes délais, soient pris la somme de 18.000 livres tournois, pour faire profficter pour elle et à son avantage, asscavoir du seigneur de la Belle Fontaine 8.000 livres, des seigneurs du Mez et de Fay 5.000 livres, des Gautiers, des Cagnons, de Desmaretz et Maulverny cinq autres mille livres que je délaisse encore à présent à ma dite fille aux fins que dessus et pour en faire les poursuittes en son nom ou au mien ainsi que bon lui semblera,

Constituant Damoiselle Marie Honoré, sa mère pour servir à la dite fille de conduitte, et de procurer en tous cas pour s'opposer et appeler ès affaires et négociations de ce qui concernera le bien de ma dite fille que présentement je luy délaisse pour luy faire trouver ung party et servir au dot du mariage que sa dite mère et moy luy voulont tester, pourquoy et à cette fin du dit bien prétend n'en estre désaisy sanq qu'il puisse estre employé à autre effect et que mad. fille ou sa mère le puisse vendre pu engager ma vye durant, en pouvant aller vivre ou demeurer sur les dits lieux donnés quand bon me semblera

Faict soubz mon escriture et mon seing ce quinzième octobre mil six cens douze

THIBALLIER

Au dessoubz des signatures duquel acte est escrit ce qui ensuit:

"Je recognois aussy que du moulin de Chasteaulandon délaissé à mad. fille à cause qu'il y faut des meulles et roues neufves luy avoir baillé et remis dès à présent le revenu et ce qui n'en pourra estre deub du passé, à la charge de l'employer par elle aux réparations qui seront aud. moullin nécessaires "


Le 26 octobre 1616, une expédition est délivrée par Trouson son notaire à la damoiselle Marie, sur présentation de la donation et acte de reconnaissance; l'insinuation est faite au Châtelet le 9 décembre 1616.


Marie Thiballier, épouse le Chevalier Viole d'Athis, général d'armes, Gouverneur de province au Portugal.
Eustache Viole a quelque réputation comme homme de guerre. Il se distingue au siège de la Rochelle. Il est tué au Portugal le 15 août 1643, devant Salvaterra et enterré dans la cathédrale de Bragga.
Leur fils, Louis Viole, encore enfant est fait chevalier de l'Ordre du Christ (6) par le Roi du Portugal, en reconnaissance des mérites du père. Il meurt en Galice, en commandant les chevau-légers du Portugal.

Marie Thiballier reçut une pension de 2000 livres de rente.

 


(1) Archives départementales du Loiret - Collection Estournet faisant référence au Nouveau d'Hozier 313 .
(2) L'année 1587 voit le début du contrôle protestant local de Montcorbon ( entre Chateaurenard et Courtenay) par les Waulfein, officiers germaniques huguenots qui donnent leur nom - Vaulxfins - à leur résidence, un ancien château sur Courtenay. Ce contrôle vexatoire prend fin en 1593. Mais les Vaulxfins et quelques Montcorbonnais restent encore protestants plus d'une génération.( Société d'Emulation- M. Paul Gache - église et desservants de Montcorbon ).Un château rénové le remplace désormais . Situé dans les bois de Vaulfin, il est devenu centre de vacances de la ville de Maisons-Alfort.
(3) la chantepleure est un meuble de blason anglais ressemblant à un " M " gothique barré d'une barre horizontale; dans quelques armoiries on rencontre une sorte de chantepleure appelée "bouse".
(4) Archives départementales du Loiret - Collection Estournet. Référence 3 J 5 .
(5) Le 7 octobre 1639, l'acte de vente de cette propriété à Alexandre Daldart, indique que du "chasteau, pont-levis, colombier il ne reste que la mothe, fossés et bastiments, granges , estables et toits à porcs". Acte notaire Pierre Sulpice - Archives départementales du Loiret.
6) Ordre militaire et religieux fondé par le roi du Portugal Denis 1er en 1317 et approuvé par le pape Jean XXII en 1319; ce n'était au fond que la reconstitution de l'Ordre du Temple sous un autre nom. Les chevaliers de l'Ordre du Christ rendirent les plus grands services soit dans la lutte contre les Maures, soit dans les expéditions lointaines. Leurs privilèges et leurs biens s'accrurent au point de porter ombrage à la couronne. Les étrangers ne sont admis dans l'Ordre qu'à titre honorifique. Les insignes sont deux croix superposées dont la première est rouge, la seconde, blanche; le ruban est rouge.