L'école primaire recevait les garçons; Jean Alexis
Cravoisier avait succédé à Denis Chaumeron. Une école libre recevant les
filles fonctionnait. En 1856 le Sous-préfet demande l'établissement d'une
école spéciale de filles.
Louis Oudin le maire s'empresse de répondre défavorablement à cette
requête: "Le conseil rejette unanimement attendu que l'institutrice ou des
soeurs ne pourraient vivre à Nargis; l'agglomération du bourg n'est pas
plus de trois cents habitants, les hameaux les plus importants se trouvent
éloignés de 3,4 et 5 kilomètres du chef lieu de la commune et les enfants
ne peuvent se rendre à l'école ".
Ce sont là des éléments percutants. Indéniablement "on n'en voulait
pas" de cette école spéciale. Les arguments du maire bien que cousus
de fil blanc permettent de repousser le projet de dix ans.
Le 30 septembre 1866, Louis Oudin expose à son conseil, que Mademoiselle
Elvire Falgerat quitte la commune et laisse vacante l'école libre qu'elle
dirigeait. Voilà Monsieur Eugène Hippolyte Garnier-Jolly, instituteur de
l'école primaire seul enseignant à Nargis. Bien sûr, il est hors de
question pour lui d'assurer un quelconque intérim chez les filles
auxquelles on sert de "l'enseignement ménager et la pédagogie des
travaux à l'aiguille et des étoffes de couture".
La réglementation de l'époque prévoit qu'au-delà d'une population de 800
habitants (Nargis en compte 1032) une école de filles doit être créée. La
commune doit se plier à contrecur, à cette exigence législative. Le
conseil hésite alors entre une institutrice laïque ou un membre d'une
congrégation religieuse.
Il finit par se décider en faveur de l'institutrice laïque au salaire de
600 francs.
Ce même conseil est obligé de reconnaître le 21 octobre suivant que la
commune n'a pas l'argent nécessaire pour créer ou construire l'école. Déjà
! Ne serait-ce pas un mal nargissien ?
Le maire, soumis, à une pression non dissimulée, demande au conseil
municipal de revenir sur son choix, " de l'annuler en vue de l'offre
généreuse de Monsieur Lemesle qui veut bien céder pendant treize ans le
local affecté autrefois à la direction de l'école libre de Mademoiselle
Falgerat qui vient de quitter la commune, à condition d'opter pour une
institutrice de congrégation religieuse ".
Le sieur Lemesle, propriétaire du château de Toury est-il besoin de le
rappeler, est un fier orateur et tenace lorsqu'il s'agit d'obtenir quelque
chose.
Le conseil vire de bord, opte pour l'institutrice religieuse qui sera
accompagnée d'une soeur appelée à donner des soins aux malades pauvres.
Une somme de 900 francs est votée comme salaire de l'institutrice et pour
subvenir aux dépenses des deux dames religieuses de Notre-dame de la
Providence de Ligny le château près de Sens.
Voilà donc notre maire libéré momentanément de ses problèmes immobiliers
d'école de filles et... d'argent.
Pourtant, dès 1867, il expose que la commune devrait penser à la
construction d'une école de garçons, attendu que le logement de
l'instituteur est insuffisant, et que la classe actuelle est beaucoup trop
petite, pas assez éclairée, ce qui est tant pour le maître que pour les
enfants "un sujet d'indisposition par suite de la concentration de
l'air ".
Il est rappelé que la classe d'une surface de 43,31 m2, offre 130 m3
d'air. Parfois 77 élèves la fréquentent, ce qui laisse à chacun 1,688 m3
au lieu des 4 réglementaires.
Certaines journées chaudes devaient être ...insoutenables .
Au début des années 1870, un rapport annuel de la situation de l'école
publique nous apprend que 257 habitants vivent au bourg; les plus gros
hameaux sont Villiers et Toury avec respectivement 105 et 100 habitants.
135 enfants sont scolarisés ( 34 de 3 à 6 ans, 74 de 6 à 13 ans, et 27 de
13 à 14 ans). 81 jeunes filles voient leur éducation assurée par des
religieuses. 66 d'entre elles sont payantes, 15 autres sont admises
gratuitement). 9 filles n'ont jamais fréquenté l'école, 7 par la
négligence des parents, 2 par la gêne des parents.
Les locaux utilisés par la commune n'étaient vraiment pas adaptés à
recevoir un si grand nombre d'écoliers.
La nouvelle école, après de nombreuses tergiversations, est construite.
C'est la salle que les Nargissiens d'aujourd'hui appellent, salle de
l'ancienne école. Cette même année, une allocation de 100 francs est
attribuée pour la fondation d'une bibliothèque à l'école des filles.
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