Quelques événements viennent animer le village. En ce lendemain du jour de l'An 1785, les commères s'empressent d'annoncer la naissance d'une nouvelle Nargissienne. Anne Point, la femme de Jean Lamy, vient d'accoucher. Elle a déjà six enfants. A-t-elle accouché seule ou avec l'aide d'une sage-femme locale comme il en existe à chaque génération dans chaque village ? Rien ne le précise. Mais, le 12 janvier, ne voilà-t-il pas qu'elle accouche à nouveau; dans la journée d'un garçon, puis d'une fille. Julien, le chirurgien de Château-Landon, venu en renfort l'assiste et, le soir elle accouche d'une fille. Ces quatre enfants après avoir été ondoyés meurent et sont enterrés à Nargis le 13 janvier.

Sous l'Ancien régime, la structure administrative de notre petite paroisse est complexe. Nargis dépend à cette époque de la généralité d'Orléans, - centre de l'administration générale, politique et militaire -, du bailliage de Montargis
- cadre local judiciaire -, de l'élection de Nemours, - cadre essentiel de la fiscalité royale -, du grenier à sel de Montargis, -lieu de l'assiette de la gabelle. Enfin, au niveau de toute organisation ecclésiastique, l'église dépend du diocèse de Sens. Quel casse-tête !

En août 1788, Louis XVI prend la décision de convoquer les Etats Généraux. Il en fixe la date au 1er mai 1789.

La préparation des cahiers de doléances se fait partout avec ferveur; celui de Nargis n'a pas été retrouvé. On sait seulement qu'il a été déposé au coffre de la fabrique de la paroisse. Les habitants se sont pourtant réunis à cet effet le dimanche 1er mars 1789.

Le sieur de Portelance est désigné commissaire lors de l'élaboration du cahier des demandes et représentations de l'Ordre de la Noblesse du bailliage de Montargis le 22 mars. Auparavant, le Tiers-état, réuni les 16, 17 et 18 mars en l'Hôtel de Ville de Montargis, avait établi son cahier des plaintes et remontrances. En ce qui concerne Nargis, aucun représentant de la paroisse ne s'est déplacé.

L'ambiguïté administrative fait qu'en même temps, le procès verbal de l'assemblée du bailliage de Nemours déclare la paroisse de Nargis défaillante.

Aucun écrit permet de dire si Nargis a eu quelques inquiétudes au cours des mois qui suivirent la prise de la Bastille. Il semble bien que non!

Par lettres patentes du Roi, sur décret de l'assemblée nationale du 14 décembre 1789, la constitution des municipalités est décidée. Les officiers et membres des municipalités actuelles seront remplacés par des membres élus. Le chef de tout corps municipal portera désormais le nom de Maire, terme qui se substitue dans les petites paroisses à celui de syndic.
 

La rue principale de Nargis vers 1900; sur la droite la "vieille" mairie.