Nos maires élus avaient dû faire face à quelques
différents. Anselme Miguet, second maire en titre, avait eu à subir
l'affaire Courcenay fin 1791 et le procès Portelance. Pierre Claude Oudin,
son prédécesseur, avait eu à régler l'affaire du seigneur de Toury et de
son quidam.
Le troisième maire élu Jean Miguet n'allait pas connaître de
préoccupations particulières avec la noblesse, mais plutôt avec le clergé
en la personne de Guéneau comme cela vient d'être rapporté et avec le menu
peuple où l'on commence à vouloir s'accaparer, sous couvert de la liberté,
tout ce que l'on désire convoiter .
Ce 26 juin 1792, Monnay contrôleur du Canal et sa dame se présentent
devant le maire. Ils viennent exposer, que la veille vers les onze heures
du soir, un homme est sorti des îles contiguës au grand déchargeoir, un
homme portant quelque chose de très gros.
Ils s'approchent de l'individu afin de savoir si le chargement en question
ne serait pas ........de l'herbe.
Ils reconnaissent alors, Nicolas Charrau, " suspecté depuis longtemps
par la commune d'aller nocturnement avec le nommé Nicolas Foucault son
consort, faucher les prés de tout un chacun".
Le sieur Monnay, s'adressant à Nicolas Charrau lui demande " s'il n'est
pas vrai qu'il vient de couper ces herbes dans les îles de Monseigneur
d'Orléans".
Charrau, tremblant de surprise, lui répond qu'il les a coupées dans un pré
lui appartenant vis à vis du pont de Turelles.
Le sieur Monnay démonte rapidement la théorie de Charrau en lui indiquant,
que compte tenu de l'endroit où il se trouve actuellement, il eût fallu
qu'il traversât le Loing à la nage.
Le sieur Charrau se considère démasqué et s'enfuit, suivi des époux Monnay.
Entré chez lui, il jette le paquet près de la porte de la " granche ",
rentre dans sa maison, excitant ses chiens contre les poursuivants.
Monnay a tout juste le temps d'arracher du sac une poignée d'herbe comme
pièce à conviction, puis repart avec son épouse "afin d'éviter d'être
dévoré par les chiens ".
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