JEANNETTE VERDIER

"Tu n'étais qu'une petite femme, mais tu étais une grande Française"

(Marc Baudru, Maire de Gourdon, Conseiller Général du Lot)

 

Le samedi 26 avril 1947, le journal "Le Radical du Quercy" imprime dans ses colonnes cet article:

"Mardi dernier ont eu lieu les obsèques de Madame Veuve Maurice Verdier, née Jeanne Dauliac, décédée des suites d'une longue et douloureuse maladie, à l'âge de 36 ans.
Madame Verdier avait été déportée au camp de Bukenval, où comme tant d'autres, elle a subi d'atroces souffrances, ce qui est la cause d'une mort bien prématurée. Son mari également déporté, a subi le même sort sous les coups des hordes nazies.
Toute la population gourdonnaise ainsi qu'une de ses amies également déportée, mais qui a pu résister aux affreux traitements ont tenu à l'accompagner à sa dernière demeure.
Les enfants de toutes les écoles, ainsi que toutes les sociétés de la ville, dans un cortège pieusement recueilli sous les marches funèbres de notre Union musicale se rendirent au lieu de repos. C'est là, dans un profond silence, que devant ce cercueil, M. Delmas, directeur de l'Ecole de garçons, retraça la carrière d'institutrice de Madame Verdier, ensuite M. Bardon, inspecteur primaire, décrit les regrets qu'elle laisse parmi ses collègues et surtout les enfants qu'on lui avait confiés.
A son tour M. Baudru, maire, conseiller général, dans une profonde émotion, nous dit comment M. et Mme Verdier avaient aidé la résistance, et combien ils ont souffert dans leur existence.
C'est bien à regret que vu l'exiguïté de notre format, nous ne pouvons reproduire ces émouvants discours.
A son fils âgé seulement d'une dizaine d'années, à toute sa famille cruellement éprouvée, nous adressons nos plus sincères condoléances".


Jeannette Dauliac est née le 12 février 1911 à Gourdon dans le département du Lot. Entrée dans l'enseignement, elle est nommée à Floirac, puis affectée dans le département de l'Eure. Son mariage avec un collègue Maurice Verdier, entraîna leur nomination le 1er octobre 1937 à Nargis. Dans ce lieu paisible, ils occupent un poste double offrant leurs enseignements aux jeunes nargisssiens.

 

Madame Jeannette Verdier

 

La seconde guerre mondiale est là. Capitulation et occupation sont des termes qui n'ont pas lieu d'exister dans l'esprit de ces jeunes enseignants. "Ils s'insurgent et ne peuvent admettre cet ordre nouveau, ce gouvernement qui se déshonore en livrant la jeunesse à l'esclavage. Ils ne peuvent consentir à servir un tel régime.

Ils sont jeunes. Ils ont un fils. Ils peuvent vivre tranquilles, mais ils ont un caractère, une conscience; ils ont choisi le chemin du devoir, le risque, la défense d'une juste cause, le combat" (1).

Les Verdier n'étaient pas inconscients quand ils firent bon marché de leur sécurité en entrant dans une organisation de Résistance, le réseau Etienne-Leblanc (Buckmaster). La maison d'école de Nargis devint lieu de rassemblement des membres du réseau et l'un des lieux d'hébergement de la radio britannique, Véra-Claudie Rolfe qui émettait avec Londres"(2).

 


(1) Tiré du discours prononcé le 22 avril 1947 sur la tombe de Madame Jeannette Verdier par Marc Baudru, Maire de Gourdon, Conseiller Général. Bibliothèque Durzy. L 2367.
(2) Extrait du "baptême" en 1964 du Collège d'enseignement technique de jeunes filles de Montargis Jeannette Verdier.